Nos lectures
La trilogie écossaise de Peter May
Pour les besoins d’une enquête, l’inspecteur Fin McLeod retourne sur son ile natale au large de l’Ecosse. Meurtri par la mort tragique de son fils, il nous emmène avec grande efficacité dans une enquête qui mêle religion, tradition et insularité. On ne peut que lire d’une seule traite ces trois volumes, le souffle suspendu aux destins de nombreux personnages et au passé du héros. Incontournable.
Connemara de Nicolas Mathieu

Hélène, la quarantaine, a tout pour elle et pourtant un sentiment de gâchis. Christophe est resté au bled, vit entre son père et son fils, entouré de ses copains. Il n’a pas bougé, on pourrait penser qu’il a raté sa vie.
Entre frustration et espérance, présent de la réussite carriériste et mélancolie de l’adolescence perdue, c’est le mitan de la vie qui est mis en scène magistralement.
Je ne suis pas très fan de ces récits lents, parfois pessimiste de la vraie vie, mais je reconnais que la grande efficacité de la narration le style si précis, les personnages si vrais m’ont accroché jusqu’au bout.
Un roman qui remue, qui pousse à l’introspection, qui dérange aussi beaucoup, mais que je conseille vivement… Sauf si vraiment on ne supporte pas Michel Sardou !

J’aime beaucoup l’histoire magnifiquement illustrée de Tima, une jeune fille qui ne veut plus se laver les cheveux et laisse s’y développer toute une flore et une faune.
Jusqu’à l’arrivée d’une petit famille…
L’Atelier des nomades
Conseil BD :

Beaucoup d’effervescence au pays de d’Églantine et Séraphin à l’approche de la compétition de sports d’hiver tant attendue qui se tient tous les quatre ans à Hiverville. Auteur : Hervé Kuhn
Shi de Zidrou et Joseph Homs , chez Dargaud, série terminée, en 6 tomes. Thriller fantastico-historico-féministe en pleine Angleterre machiste et conquérante du XIXe s. (Scènes de sexe et de violences, pour adultes donc !)

Chaque tome est un vrai petit bijoux scénaristique où Zidrou nous perd pour mieux nous ramener à son intrigue ciselée soutenue d’autres intrigues secondaires ! Le dessin de Homs de l’Angleterre victorienne crée des personnages puissants et très expressifs, des décors magnifiques et beaucoup de mouvement.
Résumé :
Jay et Kita sont aux prises avec l’ignoble Kurb, chef de la police londonienne sous l’ère victorienne. Alors qu’elles vont subir de nouveaux outrages par ce flic ripou, un démon venu des eaux va les sauver in extremis. Les deux demoiselles décident de rejoindre un gang de gosses, le Dead Ends. Pour le meilleur et pour le pire. Vidéo de présentation du tome 1 -> ici (après présentation de la librairie à 1’30)

Ayanashi, de Yukihiro Kajimoto, chez Glénat. Une courte série en 4 tomes de dark fantasy, d’aventure et de vengeance dans un monde dominé par des démons. Un récit d’amitié et de lutte entre le bien et le mal. Pour ceux qui cherchent une série manga une peu originale et de grande qualité, à partir de 12 ans.
Résumé :
Pour fuir les monstres qui ont envahi la surface de la Terre, les humains sont contraints de vivre dans des villes souterraines. Deux enfants y rencontrent Holo, un jeune homme solitaire accompagné d’une chouette et se lient peu à peu d’amitié avec lui. Quand une ombre les menace, il dévoile sa véritable identité : il est un ayanashi, chasseur de démons et son unique but est la vengeance… Vidéo de présentation -> ici
Code 612. Qui a tué le Petit Prince ? : « Le Petit Prince », dont on fête les 75 ans de l’édition française, est la fiction la plus traduite au monde, dans 318 langues selon les ayants droit d’Antoine de Saint-Exupéry.
Le livre de Michel Bussi « passe en revue hypothèses, coupables et mobiles pour mettre en lumière la profondeur de cette œuvre et révéler les secrets d’Antoine de Saint-Exupéry, et de son double de papier », a expliqué l’éditeur.
« Depuis son adolescence, Michel Bussi cherche les clés du mystère qui lie la mort du Petit Prince à celle de son auteur. L’enfance, la quête d’identité, l’absence, le désir de liberté contrarié par la responsabilité sont autant de thèmes de ce conte philosophique », a-t-il ajouté.
Saint-Exupéry, aviateur mort en juillet 1944 lors d’une mission en Méditerranée dans des circonstances qui restent inconnues, n’a pas eu l’occasion de voir le succès planétaire de son conte, inspiré à l’origine par un accident en Libye en décembre 1935.
Michel Bussi reversera ses droits d’auteur à la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la jeunesse, qui finance des projets dans l’éducation et l’environnement.
-> Un très bon moment et une très bonne action puisque Michel Bussi a choisi de reverser tous ses droits d’auteur à la “Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse” qui soutient et cofinance des projets pour la jeunesse en France et dans les domaines de l’éducation et de l’environnement.
Dans l’ombre de Paris, La dernière geste, premier chant de Morgan of Glencoe (Ed. ActuSF) : Depuis des siècles, les humains traitent les fées, dont ils redoutent les pouvoirs, comme des animaux dangereux.
Lorsque la princesse Yuri reçoit une lettre de son père lui enjoignant de quitter le Japon pour le rejoindre, elle s’empresse d’obéir. Mais à son arrivée, elle découvre avec stupeur qu’elle a été promise à l’héritier du trône de France ! Dès lors, sa vie semble toute tracée… jusqu’à ce qu’une femme lui propose un choix : rester et devenir ce que la société attend d’elle ou partir avec cette seule promesse : « on vous trouvera, et on vous aidera. »
Et si ce « on » était la dernière personne que Yuri pouvait imaginer ?
La vie secrete des ecrivains de G. Musso ♥♥♥♥
“Tout le monde a trois vies : une vie privée, une vie publique et une vie secrète…”
Gabriel García Márquez
En 1999, après avoir publié trois romans devenus cultes, le célèbre écrivain Nathan Fawles annonce qu’il arrête d’écrire et se retire à Beaumont, une île sauvage et sublime au large des côtes de la Méditerranée.
Automne 2018. Fawles n’a plus donné une seule interview depuis vingt ans. Alors que ses romans continuent de captiver les lecteurs, Mathilde Monney, une jeune journaliste suisse, débarque sur l’île, bien décidée à percer son secret.
Le même jour, un corps de femme est découvert sur une plage et l’île est bouclée par les autorités. Commence alors entre Mathilde et Nathan un dangereux face à face, où se heurtent vérités occultées et mensonges assumés, où se frôlent l’amour et la peur…
-> Un roman à suspens efficace et dépaysant qui fait passer un très bon moment, loin des turpitudes du quotidien.
La déclaration de G. Malley (ados/adultes) ♥♥♥♥
Angleterre, 2140. Les adultes peuvent choisir de ne plus mourir s’ils renoncent à faire des enfants. Anna vit depuis presque toujours au Foyer de Grange Hal un pensionnat pour les Surplus, des enfants qui n’auraient pas dû naître, des enfants dont les parents ont défié la loi en les mettant au monde. Anna n’a plus de parents désormais. Confinée dans l’enceinte du pensionnat, elle travaille très dur, pour effacer leur faute. Anna a tout oublié de son passé. Jusqu’au jour où arrive un jeune garçon qui semble la connaître. Mais qui est ce Peter ? Pourquoi ne la laisse-t-il pas tranquille ? Et pourquoi elle, Anna, se sent-elle soudain si troublée ?
-> Une très bonne dystopie qui donne à penser, notamment au sujet de la surpopulation. Une thématique dérangeante, une fin surprenante. Je conseille vivement.
Un beau livre sur les difficultés de l’enfance : « Une saison en enfance » de Joseph Incardona.
Présentation ici -> https://www.franceinter.fr/emissions/livre-en-poche…
« Le lambeau« , titre évocateur et immédiatement défini sur la 4ème de couverture, le ton est donné. Philippe Lançon est le seul rescapé de l’attaque de Charlie hebdo.
Il parle de l’horreur de l’attaque, du refus de la colère (un luxe qu’il ne peut pas se permettre), de la longueur de la reconstruction et du retour à la conscience. Il est poignant et tellement calme… Rapidement, la nécessité de vous le proposer m’est apparue incontournable. Je vous en parlerai demain.
Présentation du livre sur le site Gallimard -> http://www.gallimard.fr/Catalo…/GALLIMARD/Blanche/Le-lambeau
Conseil lecture pour ADOS :
« Les petits orages » de Marie Chartres :
« Depuis un an, la vie de Moses Laufer Victor a changé. Il y a les signes extérieurs, la jambe blessée, les boutons qui explosent sur son visage comme des volcans, et la rage incontrôlée qui s’exprime comme elle peut. Il y a les choses qui restent en lui, les souvenirs de l’accident, les mots qu’il n’arrive plus à dire avec ses parents, qui sont comme des orages en dedans. Et puis, il y a tout ce que l’on ne connaît pas encore.
Un jour, au lycée, arrive Ratso, un Indien. Il a ses secrets lui aussi, il a sa colère. Mais il a surtout besoin que Moses l’accompagne à Pine Ridge, pour rendre visite à sa soeur. Parce que chacun, à sa façon, doit sortir de sa réserve. »
A partir de 13 ans.7.80€
Présentation : ici
Mon avis : un livre de qualité, bien écrit, parfois poétique, sur les thèmes de l’apprentissage et de l’amitié, où l’on apprend de l’autre. Un livre qui laisse des traces !
« Dans l’ombre » de Arnaldur Indridason
Un représentant de commerce est retrouvé dans un petit appartement de Reykjavik, tué d’une balle de Colt et le front marqué d’un “SS” en lettres de sang. Rapidement les soupçons portent sur les soldats étrangers qui grouillent dans la ville en cet été 1941.
Deux jeunes gens sont chargés des investigations : Flovent, le seul enquêteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire à Scotland Yard, et Thorson, l’Islandais né au Canada, désigné comme enquêteur par les militaires parce qu’il est bilingue.
L’afflux des soldats britanniques et américains bouleverse cette île de pêcheurs et d’agriculteurs qui évolue rapidement vers la modernité. Les femmes s’émancipent. Les nazis, malgré la dissolution de leur parti, n’ont pas renoncé à trouver des traces de leurs mythes et de la pureté aryenne dans l’île. Par ailleurs on attend en secret la visite d’un grand homme.
Les multiples rebondissements de l’enquête dressent un tableau passionnant de l’Islande de la “Situation”, cette occupation de jeunes soldats qui sèment le trouble parmi la population féminine. Ils révèlent aussi des enquêteurs tenaces, méprisés par les autorités militaires mais déterminés à ne pas se laisser imposer des coupables attendus.
Dans ce roman prenant et addictif, le lecteur est aussi fasciné par le monde qu’incarnent les personnages que par l’intrigue, imprévisible.
-> Le premier volet d’une trilogie où THorson trouve un binome, le jeune inspecteur Flovent. On se fait balader en Islande, son histoire (années 40, donc un peu aussi roman d’espionnage), sa société, ses crimes.. C’est fin, extrêmement bien construit, toujours aussi efficace !
«
« En attendant Bojangles » d’Olivier Bourdeaut :
Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur « Mr. Bojangles » de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.
Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.
Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.
L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.
-> Bouleversant !!
Présentation à écouter sur France Inter : ici
L’optimisme des comédies de Capra, allié à la fantaisie de L’Écume des jour
« La femme au carnet rouge » de A. Lambain :
Un soir à Paris, une jeune femme se fait voler son sac à main.
Il est retrouvé par Laurent Lettelier, libraire de profession, qui ne trouve pour seuls indices sur sa propriétaire que quelques effets personnels (un ticket de pressing, un roman, une pince à cheveux, un carnet…). À mesure qu’il déchiffre les pages du carnet contenant les pensées intimes de l’inconnue. S’ensuit un jeu de piste romanesque.
-> Ce petit livre plein de bons sentiments, se lit facilement. Il est cependant plein de rebondissements, de personnages riches et d’une grande dose d’optimisme. J’ai pris un grand plaisir à le lire… A donner également aux ados.
Le chemin s’arrêtera là de P. Dessaint ♥♥♥♥♥
Sur une côte nordiste industrielle et fantomatique, sept personnages en déshérence survivent au jour le jour, poursuivis par un passé dont la noirceur ne les empêche pas de faire preuve de courage.
-> Un thriller social noir, Pascal Dessaint décrit brillamment dans ce roman choral, avec humanité et profondeur, ce quotidien qui mine et nous livre un roman à l’écriture à la fois enragée et poétique. Bouleversant.
« Odyssée américaine » de J; Harrison
Cliff est à un tournant de sa vie. Plaqué par sa femme à soixante-deux ans, il décide de tout quitter et de prendre la route, à la recherche d’un nouveau souffle.
Bientôt rejoint par Marybelle, une ancienne étudiante avec qui il vit une liaison enflammée, il poursuit son chemin au gré des obsessions américaines. Célèbre à l’envi la beauté des femmes, le désir et l’ivresse quand bien même le festin touche à sa fin. Traverse le pays de part en part, attribuant à chaque État le nom d’une tribu indienne.
S’attire les foudres ou l’incompréhension de l’Amérique bien pensante dans un pays qui n’est plus à un massacre près. Son voyage, ponctué de rencontres extravagantes et cocasses, lui apportera-t-il pour autant la renaissance tant recherchée ?
Une odyssée américaine est une œuvre magistrale. Un portrait des États-Unis et une profession de foi en la littérature comme Jim Harrison n’en avait jamais livré. Un chef-d’œuvre d’une profonde humanité.
« La couronne verte » de L. Kasischke :
Véritable rituel, les vacances de printemps marquent le passage à l’âge adulte pour les élèves de terminale aux États-Unis. Quittant pour la première fois le nid familial, ils partent une semaine entre amis dans un cadre exotique.
Face à l’insistance de leur amie Terri, Anne et Michelle renoncent à la croisière dans les Caraïbes qu’elles avaient prévues et lui préfèrent les plages mexicaines. En dépit des mises en garde maternelles, Anne et Michelle acceptent d’aller visiter les ruines de Chichén Itzá en compagnie d’un inconnu. Cette expérience les entraînera bien au-delà de la simple découverte culturelle, pour leur plus grand malheur…
Laura Kasischke, dévoilant avec son talent habituel les égarements et les inquiétudes des jeunes gens, construit un roman aussi troublant que profond.
« Nuit de fureur » de J. Thompson :
Quand on mesure un mètre cinquante avec des talonnettes, qu’on parait dix-sept ans au lieu des trente qu’on croit avoir, qu’on est presque aveugle et en train de crever de tuberculose, on a du mal à se faire prendre au sérieux. Mais ce n’est sûrement pas par hasard si c’est à vous qu’on offre 30.000 dollars pour descendre un mafioso trop bavard. Et ce n’est pas par hasard non plus que deux superbes filles vous tombent dans les bras, même si l’une d’elles souffre d’une infirmité sur laquelle vous aimeriez bien en savoir davantage…
« Nuit de fureur » est un chef d’oeuvre. On y retrouve les thèmes chers à Thompson: l’érotisme noir, poussé jusqu’à une sorte de perfection, le fétichisme des corps torturés, l’effroi et la fascination des âmes écartelées, en équilibre sur l’arête qui les sépare de l’abîme. » (François Forestier, Polar).
« Après la guerre » de H. Le Corre :
Bordeaux dans les années 50. La Seconde Guerre mondiale est encore dans toutes les mémoires et pourtant, un nouveau conflit qui ne dit pas son nom a déjà commencé : de jeunes appelés partent pour l’Algérie. Daniel sait ce qui l’attend. Cet orphelin qui a perdu ses parents dans les camps, travaille comme mécanicien ; il voit un jour arriver au garage un inconnu qui laisse sa moto et repart telle une ombre. Cet homme n’est pas venu par hasard.
C’est dans ce contexte qu’une série d’événements violents se produisent. Une jeune lycéenne est agressée devant chez elle par un individu qui la menace. C’est la fille d’Albert Darlac, commissaire de police qui s’est compromis pendant l’Occupation et n’a pas hésité à faire arrêter des Juifs qu’il a spoliés. Il navigue dans les eaux troubles du proxénétisme et règne en parrain sur la ville. Quelque temps plus tard, le bistrot qui lui sert de quartier général est soufflé par une explosion. Il est bientôt happé par une spirale de violence…
Le Corre n’a pas son pareil pour rendre l’atmosphère délétère de Bordeaux, encore hantée par les fantômes de l’Occupation. Dans ce roman à plusieurs voix, magistralement construit, il fait alterner le champ de bataille urbain de Bordeaux et celui de l’Algérie vu à travers le regard de Daniel. Il confirme l’ampleur de son propos et la variété de son style, passant du langage des bas-fonds à une élégance flaubertienne noire et cruelle pour emprunter des accents lyriques et poignants quand le récit se transporte sur le front algérien. Par la profondeur des questions que le romancier aborde — valeur de la vie humaine, légitimité de la vengeance, jouissance de la violence — il justifie pleinement le jugement de Manchette qui parlait du roman noir comme d’une grande littérature morale.
La promesse de l’aube » de romain Gary
-Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D’Annunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es !
Je crois que jamais un fils n’a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là.
Mais, alors que j’essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu’elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l’Armée de l’Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j’entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports :
– Alors, tu as honte de ta vieille mère ?
-> Très beau livre, rythmé, d’une écriture à la fois intime, ciselée, pleine de sensibilité et facile à lire. La relation à la mère parle à tout le monde, bien que celle-ci soit tout de même excessive !Par ailleurs, on ne peut apprécier le film et ses subtilités sans avoir lu ce livre, car de nombreux passages ne sont qu’évoqués mais avec une grande efficacité.
Je conseille très vivement, les deux !
« Son carnet rouge » de T. De Rosnay :
Le fruit est -il plus savoureux lorsqu’il est défendu ?
L’interdit est-il synonyme de plaisir ?
De la duperie démasquée à la vengeance machiavélique, Tatiana de Rosnay revisite les amours illégitimes et envisage tous les scénarios – tantôt tragiques, tantôt cocasses – avec une légèreté teintée de sarcasme, jusqu’à une chute toujours croustillante, parfois glaçante.
Un jouissif « déshabillage » du délit conjugal, où le rire se mêle à la compassion et la transgression au désir.
-> Un recueil de nouvelles légères, surprenantes ou drôles… Sûrement dérangeantes pour certains ! J’ai beaucoup apprécié.
« Comme sur des roulettes » de A. Adbelli : « J’ai appris à nager avant même de savoir marcher. Je ne sais toujours pas marcher, d’ailleurs. »
Depuis toujours, Adda Abdelli a choisi l’humour. En toute circonstance, pour rire de n’importe quelle situation et, surtout, de son handicap avec lequel il vit depuis l’âge de un an.
Au fil de tranches de vie, l’auteur nous livre ici un témoignage authentique, drôle et émouvant sur le handicap. Il retrace son parcours sans tabou, bien déterminé à ne pas se prendre au sérieux, la vie s’en charge.
-> J’ai pris ce livre après avoir entendu Adda Abdelli à la radio, présentant son histoire avec finesse et humour… Je m’attendais donc à un récit assez drôle, c’est assez peu le cas. Le livre de Fabien Marsaud (Grand corps malade) intitulé « Patients » est un message d’espoir.
Ici l’auteur nous délivre plutôt un message sur le courage qui a permis une vie jusqu’à présent bien remplie et fort réussie.
On en sort avec un sentiment légèrement mitigé, mais on reste admirateur de ce courage.
« Les racines du mal » de M-G. Dantec-Grand prix de l’Imaginaire 1996 (de la SF polar, ou un polar futuriste, catégorie cyberpunk, mélant nazis, aliens et rayons cosmiques) : Andreas Schaltzmann est persuadé que les habitants de la planète Vega sont installés dans son quartier, à Vitry-sur-Seine, et étendent leurs ramifications jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. Paranoïaque, l’homme décide de vider ses comptes en banque et ses chargeurs de revolvers ; il se lance dans une cavalcade meurtrière à travers la France.
Arrêté, il apprend qu’on lui attribue des crimes qu’il n’a pas commis. Un trio de scientifiques persuadé de son innocence traquera les véritables tueurs grâce à un ordinateur de type supérieur, baptisé « neuromatrice » qui fonctionne comme un cerveau humain mais à une vitesse surmultipliée.
Ce roman atypique débute à la manière d’un périple de tueur en série pour s’orienter vers un récit prospectif où éléments philosophiques, sociologiques et scientifiques viennent s’imbriquer dans l’action.
Le XXIe siècle, selon Maurice G. Dantec, ne sera pas une promenade de santé dans la mesure où (dit-il) « l’humanité ne s’attaque pas aux racines du mal qui la ronge ». -Lisa B
-> Lisible, bien écrit, addictif… C’est un polar assez métaphysique ! Je conseille.
« Ceux qui vont mourrir te saluent » de F. Vargas :
A priori, tous les dessins de Michel-Ange ont été répertoriés. Et lorsque l’un d’eux fait une apparition discrète sur le marché, il y a tout lieu de supposer qu’il a été volé. Le plus incroyable, c’est que celui qui est proposé à Henri Valhubert, célèbre expert parisien, provient probablement de la bibliothèque vaticane!
Qui se risquerait à subtiliser les trésors des, archives papales ? L’affaire se complique lorsque Valhubert est assassiné, un soir de fête, devant le palais Farnèse.
Instantanément, les soupçons se portent sur le fils de la victime. Ce dernier fait partie d’un curieux triumvirat d’étudiants, aux surnoms d’empereurs : Claude, Néron et Tibère. En résidence à Rome depuis plusieurs années, tous trois entretiennent des liens singuliers avec la veuve de Valhubert. Une femme au charme envoûtant et dont le passé comporte quelques zones d’obscurité…
-> A mon goût, le démarrage est un peu long (je n’ai accroché vraiment que page 80). Mais finalement, c’est du Vargas : bien écrit, bien construit. Les rebondissements s’enchaînent. Les personnages sont ciselés. Un petit livre bien agréable.
« Le trésor de Charteuse » BD de Julo et M. Zürcher : Alex a 13 ans. Il vit dans le parc de Chartreuse. Pour les vacances débarque la petite Meylie qui adore explorer les grottes. Dans celle de Saint-Christophe, ils découvrent une pièce d’or et un parchemin qui doit les conduire à un trésor !
D’énigme en énigme, ils parcourent le massif (le monastère, l’aiguille de Quaix, la Dent de Crolles…) sur les pas de Gargantua et de Mandrin.
Mais ils ne savent pas que des voleurs (bien maladroits) ont eu vent de leur recherches…
Un grand bol d’air pur, de mystère et d’humour !
La chasse au trésor est suivie d’un cahier pédagogique avec des jeux et a été montée en partenariat avec le Parc de Chartreuse.
-> Une BD pour enfants à partir de 8 ans : une chasse au trésor prétexte à découvrir la Chartreuse. Le dessin est efficace, l’histoire bien menée, sans grandes surprises. Je conseille !
« Soumission » de M. Houellebecq : Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s’engage dans la carrière universitaire. Peu motivé par l’enseignement, il s’attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu’à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve.
Le talent de l’auteur, sa force visionnaire nous entraînent sur un terrain ambigu et glissant ; son regard sur notre civilisation vieillissante fait coexister dans ce roman les intuitions poétiques, les effets comiques, une mélancolie fataliste. Ce livre est une saisissante fable politique et morale.
Une anticipation dans laquelle un parti musulman remporte la présidentielle contre le Front national.
Le Front national de Marine Le Pen, qui a déjà perdu le scrutin de 2017, subit la loi d’une alliance UMP, UDI, PS, associée à la Fraternité musulmane, parti inventé par l’auteur. Son leader, Mohammed Ben Abbes, finit par être élu et choisit François Bayrou comme premier ministre.
-> Un livre d’actualité ! Il nous montre que dans une république française défaillante, des partis nouveaux ou extrémistes peuvent arriver facilement au pouvoir…et ce qu’il pourrait advenir… C’est de l’anticipation qui a le mérite de provoquer la réflexion.
« Désert » de Le Clezio : La toute jeune Lalla a pour ancêtres les » hommes bleus « , guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers » leur » désert, l’exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n’éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.
-> C’est poétique, contemplatif, onirique. Il faut aimer prendre son temps, apprécier les variations de la lumière, le désert et la mer, le bonheur simple et parfois mélancolique. C’est très très beau… mais si vous avez envie d’action, passez au suivant !
« Les grandes blondes » de J. Echenoz
« Cherchez la femme », dit le proverbe et c’est exactement ce que fait Paul Salvador puisqu’il s’occupe d’une émission de télévision du genre « Que sont-ils devenus ? « , consacrée à des personnalités oubliées par les feux de l’actualité. En l’occurrence, il cherche donc une femme, une certaine Gloria Stella qui fit dans la chanson un début de carrière prometteur avant de passer, sans transition, de la page Spectacles à la page Faits divers des journaux pour avoir poussé son amant dans l’escalier. Procès, prison, quelques années plus tard Gloire Abgrall, alias Gloria Stella, a sombré dans l’anonymat et l’oubli. Retrouvons-la donc. C’est cependant plus difficile à faire qu’à dire car Gloire tient à sa tranquillité et, surtout, n’a pas perdu l’habitude de donner le vertige aux hommes avant de les pousser dans le vide.
Sur une trame comme toujours empruntée au roman policier, Jean Echenoz construit un récit brillant qui fait jouer à merveille tous les ressorts de la fiction sans en être dupe comme s’il maintenait l’intrigue à distance par l’élégance et la fantaisie d’un style plein d’humour et véritablement jubilatoire. –Gérard Meudal
-> Du polar revisité avec légèreté : le meurtre, la recherche, le trafic de drogue…tout ça est volontairement traité avec distance et sans vraiment de chute (ironique pour une héroïne qui tue par défenestration !) ; les héros sont futiles, parfois risibles, toujours individualistes. L’intrigue paraît alors bien mince au regard du style. Il faut se concentrer pour ne rien rater ! De figures de styles en trouvailles, de jeux de mots en formules drolatiques, Echenoz nous faire rebondir, nous bouscule avec ironie et jubilation pour nous montrer les ressort du style polar. C’est tout en subtilité.
Pour lire un extrait c’est ici
« Louis parmi les spectres » BD canadienne de Isabelle Arsenault et Fanny Britt (28€)
Louis a onze ans et vit la séparation de ses parents : une mère qui a peur de tout, un père qui pleure quand il boit et un petit frère obsédé par la soul américaine. Louis rêve de déclarer son amour à Billie, une compagne de classe indépendante et solitaire. Mais dans la réalité, rien à faire : dès qu’il s’approche d’elle, Louis se tétanise comme un clou rouillé. Accompagné de sa famille, de son fidèle ami Boris, et de ses spectres (ceux du passé comme ceux de son monde intérieur), Louis apprendra la vraie définition du courage.
-> J’ai a-do-ré !!! parce que c’est une belle et poétique histoire de courage, dans ce monde où on veut faire croire qu’il n’existe plus… parce que la vie et l’amour reprennent leurs droits…et parce que le dessin est incroyable de subtilité, de douceur, d’originalité…
« ça peut pas rater » de G. Legardinier :
– J’en ai ras le bol des mecs. Vous me gonflez ! J’en ai plus qu’assez de vos sales coups ! C’est votre tour de souffrir !
Marie pensait avoir trouvé l’homme de sa vie, jusqu’à ce que son couple implose de façon brutale et scandaleuse.
Anéantie, elle prend une décision sur laquelle elle jure de ne jamais revenir : ne plus faire confiance aux mâles et surtout, ne plus rien leur passer.
Ni dans sa vie privée, ni au travail. On remet les compteurs à zéro. On renverse la vapeur. La gentille Marie est morte, noyée de chagrin. À présent, c’est la méchante Marie qui est aux commandes.
Marie est remontée comme un coucou. Marie ne croit plus à l’amour, ce mirage source de tous les malheurs des femmes.
Mais voilà, Marie a du cœur, une famille, des amies aussi tordues qu’elle et une soif de vivre qui n’a pas fini de la précipiter dans des plans impossibles. Et si, au-delà de ses illusions perdues, il était temps pour elle de découvrir tout ce qui vaut vraiment la peine d’être vécu ?
-> La vie banale de Marie prend des couleurs sous les mots de Legardinier. D’une émotion à l’autre, on finit par s’attacher et rêver pour elle, comme on rêve pour nous… mais aussi, il faut le reconnaître, un peu rassurée ou un peu jalouse… Une lecture très agréable !
« UN bruit étrange et beau » de ZEP
Où est la valeur d’une vie ? Dans le bruit et la fureur ou dans le recueillement du silence ? Dans ses batailles ou ses renoncements ?
William, lui, a choisi la solitude et le silence il y a 25 ans en intégrant l’ordre religieux des chartreux. Un héritage l’oblige à sortir du monastère et à réintégrer le monde… Les sollicitations y sont fortes, des souvenirs resurgissent, ses certitudes et ses choix sont interrogés…. La rencontre d’une jeune femme atteinte d’une maladie incurable le confrontera à de nouvelles questions et compliquera ses choix.
-> Une belle réflexion métaphysique sur nos choix de vie, avec le talent graphique de ZEP. Une BD magnifique.
– « Harry Potter et l’enfant maudit » de J. Thorne et J. Tiffany
D’après une nouvelle histoire originale de J.K. Rowling, John Tiffany et Jack Thorne, la nouvelle pièce de théâtre de Jack Thorne, « Harry Potter et l’Enfant Maudit » est la huitième histoire de la saga Harry Potter et la première histoire de Harry Potter officiellement destinée à la scène. La première mondiale de la pièce aura lieu à Londres dans un théâtre du West End le 30 juillet 2016.
Être Harry Potter n’a jamais été facile et ne l’est pas davantage depuis qu’il est un employé surmené du Ministère de la Magie, marié et père de trois enfants. Tandis que Harry se débat avec un passé qui refuse de le laisser en paix, son plus jeune fils, Albus, doit lutter avec le poids d’un héritage familial dont il n’a jamais voulu. Le destin vient fusionner passé et présent. Père et fils se retrouvent face à une dure vérité : parfois, les ténèbres surviennent des endroits les plus inattendus.
-> On se retrouve avec grand plaisir dans le monde des sorciers avec voie 9 3/4, retourneur de temps, ministère de la magie et polynectar ! La construction est recherchée, la forme dialoguée le rend facile à lire… Amateur de Potter, je conseille.
– « Ecoutez nos défaites » de Laurent Gaudé
Un agent des services de renseignements français gagné par une grande lassitude est chargé de retrouver à Beyrouth un ancien membre des commandos d’élite américains soupçonné de divers trafics. Il croise le chemin d’une archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées. Les lointaines épopées de héros du passé scandent leurs parcours – le général Grant écrasant les Confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l’envahisseur fasciste… Un roman inquiet et mélancolique qui constate l’inanité de toute conquête et proclame que seules l’humanité et la beauté valent la peine qu’on meure pour elles.
-> Un mélange de périodes historiques, des héros à priori sans liens, et pourtant, on y trouve un sens commun à l’humanité : la victoire et la défaite dans la vie…. c’est très beau, plus que beau, c’est très vrai. J’ai adoré !
« La drôle de vie de Zelda Zonc » de Laurence PEYRIN
Les jours s’écoulent, un peu trop calmes, un peu trop sages, pour Hanna Reagan, lorsqu’un grave accident de voiture la cloue sur un lit d’hôpital. La campagne irlandaise a ses charmes, ainsi que son romancier de mari, mais rien de pétillant comme sa voisine de chambre, une vieille dame malicieuse et mystérieuse répondant au nom de Zelda Zonk.
À ses côtés, et n’ayant rien d’autre à faire pendant sa convalescence, Hanna se prend à rêver d’une nouvelle vie, plus éclatante. Est-elle vraiment épanouie dans son hameau perdu, dans son mariage routinier ? Alors que Zelda lui conte son existence positive et joyeuse, Hanna se demande s’il est encore possible de changer la sienne…
» Notons la plume alerte et rafraîchissante de Laurence Peyrin, qui fait preuve d’un talent d’écriture rare. Une véritable gourmandise. » Metronews
-> Voilà une de ces belles histoires… pas à l’eau de rose, non. Hanna, face à ses questions de femme, trouve ses réponses dans des rencontres riches et opportunes. Une leçon de vie dont le ton n’est jamais triste ou pessimiste. C’est beau. Je conseille vivement.
– « L’enfant des ombres » de E. Murail
Morgane est la seule à voir les ombres.
Dès qu’elle est seule dans les couloirs du lycée, elles apparaissent sur les murs. Ces temps-ci, elles se font de plus en plus menaçantes. Un jour, le pire se produit. Pourtant ce n’est que le commencement. Les phénomènes étranges s’accumulent. Le concierge de l’établissement passe ses journées à remplacer les ampoules électriques dans les couloirs et les escaliers, mais il y fait toujours noir. Les accidents se multiplient.
Un professeur meurt brutalement. C’est aussi le moment que Camilia et ses amis ont choisi pour créer un club secret dont le but est de se réunir la nuit, dans le grenier au-dessus des dortoirs…
Un livre pour ados, à partir de 10 ans, qui mêle l’amitié, les exploits, le danger et la victoire (non sans voir perdu quelques camarades !). L’histoire originale nous amène dans la mythologie celtique. Interessant et assez prenant. Je conseille.
– « L’insouciance » de K. Tuil
De retour d’Afghanistan où il a perdu plusieurs de ses hommes, le lieutenant Romain Roller est dévasté. Au cours du séjour de décompression organisé par l’armée à Chypre, il a une liaison avec la jeune journaliste et écrivain Marion Decker. Dès le lendemain, il apprend qu’elle est mariée à François Vély, un charismatique entrepreneur franco-américain, fils d’un ancien ministre et résistant juif. En France, Marion et Romain se revoient et vivent en secret une grande passion amoureuse. Mais François est accusé de racisme après avoir posé pour un magazine, assis sur une œuvre d’art représentant une femme noire. À la veille d’une importante fusion avec une société américaine, son empire est menacé. Un ami d’enfance de Romain, Osman Diboula, fils d’immigrés ivoiriens devenu au lendemain des émeutes de 2005 une personnalité politique montante, prend alors publiquement la défense de l’homme d’affaires, entraînant malgré lui tous les protagonistes dans une épopée puissante qui révèle la violence du monde.
-> Un roman riche qui aborde les sujets actuels (la guerre contre le terrorisme, la montée de l’antisémitisme, les réseaux sociaux, l’intégration, l’Islam radical), avec un réalisme sombre et sans concession. Une narration et une écriture denses, tendu et dynamique où l’auteure s’amuse à placer des mots rares…. Si vous cherchez une lecture facile et relaxante… Passez ! J’aime.
VIDEO : http://www.europe1.fr/culture/karine-tuil-a-contre-pied-de-linsouciance-2832226
– « L’archipel d’un autre monde » de A. Makine
Une chasse à l’homme à travers l’infini de la taïga, au crépuscule de l’ère stalinienne. Qui est donc ce criminel aux multiples visages que Pavel Gartsev et ses compagnons doivent capturer ?
Insaisissable, le fugitif paraît se jouer de ses poursuivants, qui, de leur côté, s’emploient à faire durer cette traque, peu pressés de retourner au cantonnement. Dans cette longue parenthèse rythmée par les feux des bivouacs et la lutte quotidienne contre les éléments se révélera le vrai caractère de chacun, avec ses lâchetés et ses faiblesses.
Un à un les hommes renoncent, découragés ou brisés par les ruses déroutantes de leur adversaire, jusqu’au moment où Pavel se retrouve seul à la poursuite de cette proie mystérieuse. Une étrange communion à distance semble alors s’instaurer entre ces deux êtres que tout sépare. Lorsqu’il connaîtra l’identité véritable de l’évadé, sa vie en sera bouleversée. La chasse prend une dimension exaltante, tandis qu’à l’horizon émerge l’archipel des Chantars : là où une « autre vie » devient possible, dans la fragile éternité de l’amour.
-> Une belle histoire d’amour, une ode à la taïga et une pertinente remise en question du fonctionnement humain, de sa lâcheté face au régime autoritaire, de la lutte contre notre bestialité et des choix à faire face à l’inacceptable. Un très beau livre.
VIDEO : http://www.rentree-seuil.com/ouvrage/larchipel-dune-autre-vie
– « Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits » de S. Rushdie
«Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits» est un conte merveilleux qui interroge notre vie contemporaine à la lumière de l’histoire et de la mythologie. Échappés de leur univers aussi fabuleux qu’ennuyeux, des djinns viennent mêler leur immortalité fascinée à la finitude des hommes, et partager la folle aventure de leur active et permanente déraison. À la fois inspirée par une tradition narrative deux fois millénaire et enracinée dans les multiples préoccupations du temps présent, portée par une langue où l’épique le dispute au comique et la légende à la méditation philosophique et politique, une fiction fastueuse et envoûtante, d’une puissance narrative et imaginaire à couper le souffle.
-> c’est un conte fantastique où les cendres de philosophes morts depuis 1000 ans poursuivent leurs joutes verbales, où une déesse éprise d’un humain lutte contre les pires des ifrits, où une « maladie » inconnue qui fait léviter, s’étend sur le monde…. il faut aimer ce qui nécessite de se laisser prendre et embarquer dans un récit virevoltant de réalisme magique. J’aime !
– « Soyez imprudents les enfants » de V. Ovaldé
Alors qu’elle a 13 ans, Atanasia Bartolome a comme une révélation devant une toile du peintre Roberto Diaz Uribe. Elle découvre qu’il est un cousin de son père et souhaite savoir ce que cherche à lui dire ce peintre, qui a disparu un jour comme tous les ancêtres Bartolome. La jeune fille décide de partir elle aussi explorer le vaste monde.
-> A titre personnel, j’ai toujours du mal avec l’écriture de Véronique Ovaldé. C’est pourtant une écriture fluide, souvent nerveuse. Ici, on passe de la troisième personne à la première au fil des phrases, un procédé narratif très intéressant. Les amateurs de V. Ovaldé vont adorer !
– « L’administrateur provisoire » de A. Seurat
Découvrant au début du récit que la mort de son jeune frère résonne avec un secret de famille, le narrateur interroge ses proches, puis, devant leur silence, mène sa recherche dans les Archives nationales. Il découvre alors que son arrière-grand-père a participé à la confiscation des biens juifs durant l’Occupation. Le récit tente d’éclairer des aspects historiques souvent négligés jusqu’à récemment, l’aryanisation économique de la France de Vichy, crime longtemps refoulé par la mémoire collective. Une enquête à la fois familiale et historique bouleversante, s’appuyant sur des documents réels
-> On peut rapprocher ce style du « docu-fiction », avec une écriture simple et efficace, c’est un roman très fort sur un sujet difficile. A lire !
– « L’homme chauve-souris » de Jo Nesbo
Parce qu’une jeune Norvégienne a été sauvagement jetée d’une falaise à l’autre bout du monde en Australie, l’inspecteur Harry Hole de la police d’Oslo est envoyé sur place par une hiérarchie soucieuse de l’évincer. Ce qui n’aurait dû être que routine diplomatique va se transformer en traque impitoyable au fur et à mesure de meurtres féroces qu’Harry Hole refuse d’ignorer. Autre hémisphère, autres méthodes… Associé à un inspecteur aborigène étrange, bousculé par une culture neuve assise sur une terre ancestrale, Hole, en proie à ses propres démons, va plonger au cœur du bush millénaire. L’Australie, pays de démesure, véritable nation en devenir où les contradictions engendrent le fantastique comme l’indicible, lui apportera, jusqu’au chaos final, l’espoir et l’angoisse, l’amour et la mort : la pire des aventures.
-> Un roman policier assez classique mais des personnages très intéressants, une histoire surprenante, une plongée dans la culture aborigène… et l’apparition de l’enquêteur fétiche de Jo Nesbo
– « Orange crush » de Tim Dorsey
Marlon Conrad est devenu gouverneur républicain de la Floride suite au décès accidentel de son prédécesseur. Un père influent et des amis haut placés lui assurent une réélection tranquille, à condition qu’il continue à ne rien faire et à signer des contrats en faveur de tous ceux qui l’ont aidé.
Seul petit problème: Marlon a » oublié » de se faire recenser par le Service national. Pour pallier cette absence de patriotisme préjudiciable, il se fait enrôler dans la réserve et passe deux semaines médiatisées sous les drapeaux. Malheureusement pour lui, voilà les réservistes de son unité mobilisés pour aller en Serbie. Le candidat Marlon Conrad va y vivre une expérience traumatique qui bouleverse totalement sa conception de l’existence.
De retour sur le sol américain, il réoriente sa campagne électorale. Affrétant un camping-car dont les flancs sont ornés des mots Orange Crush en belles lettres couleur mandarine, il sillonne la Floride profonde, découvre l’Amérique des pauvres et… se met à dos ses anciens alliés. En compagnie d’un inénarrable directeur de campagne que toutes les minorités effraient, Marlon suit une route semée d’embûches, c’est le moins qu’on puisse dire.
-> un roman loufoque et acide sur la décadence du système politique américain, qui ne ressemble à rien de connu. Nous recommandons vivement.
– « L’écrivain national » de Serge Joncour
Le jour où il arrive en résidence d’écriture dans une petite ville du centre de la France, Serge découvre dans la gazette locale qu’un certain Commodore, vieux maraîcher à la retraite que tous disent richissime, a disparu sans laisser de traces. On soupçonne deux jeunes « néoruraux », Aurélik et Dora, de l’avoir tué. Mais dans ce fait divers, ce qui fascine le plus l’écrivain, c’est une photo: celle de Dora dans le journal. Dès lors, sous le regard de plus en plus suspicieux des habitants de la ville, cet « écrivain national », comme l’appelle malicieusement monsieur le Maire, va enquêter à sa manière, celle d’un auteur qui recueille les confidences et échafaude des romans, dans l’espoir de se rapprocher de la magnétique Dora.
Dans une atmosphère très chabrolienne, Serge Joncour déroule une histoire à haute tension: les quelques semaines de tranquillité que promettait ce séjour d’écriture se muent, lentement mais sûrement, en une inquiétante plongée dans nos peurs contemporaines.
-> Lire Serge Joncour, c’est s’assurer de trouver une écriture fine et juste, très facile à lire. Il alterne ici réflexions sur la vie d’écrivains, portraits pertinents de la vie provinciale. Une bonne lecture d’été.
– « Paix » de Richard Bausch
Dans l’Italie glaciale de 1943, alors que les troupes allemandes battent en retraite, une patrouille américaine est envoyée en reconnaissance dans la montagne. Pendant deux jours et deux nuits, ces hommes vont endurer le froid, la fatigue et surtout la peur : peur de se perdre dans ce labyrinthe boisé, d’être trahis par leur guide, surpris par les tireurs embusqués. Et puis ils sont hantés : par la nostalgie d’un temps de paix de plus en plus irréel, et par la culpabilité face au crime de guerre qu’a commis leur sergent, alors que leur parvient la rumeur des massacres. Peuvent-ils conserver leur dignité morale ? Peuvent-ils même espérer survivre ? Ce huis clos en plein air s’inscrit dans la prestigieuse lignée des récits de guerre américains.
-> Un roman court, qui vient d’être réédité en poche. Un récit sur la guerre, mais surtout sur l’humanité et ses limites… certains disent « encore un roman sur la guerre », effectivement, cela peut paraître du déjà vu, mais il reste toutefois une belle réflexion sur l’humanité.
– « Les arnaqueurs » de Jim Thomson
Pour avoir voulu arnaquer un patron de bar, Roy reçoit un coup de batte au ventre. Malade, il ignore qu’il est atteint d’une hémorragie interne et ressasse son existence.
Roy a été élevé par sa mère, Lilly, une lionne n’aimant que l’argent et qui n’a jamais assumé son rôle. Parti tôt sans bagage, Roy a suivi la trace de Lilly qui lui a transmis son goût du lucre. Représentant pour la façade, il a accumulé un joli pécule après sept ans d’arnaques en tous genres.
Depuis un moment, il a une liaison avec Moira, une créature pulpeuse et trouble. Depuis que Lilly a débarqué chez lui, elle abuse d’emblée de son autorité maternelle. Dès lors, la vie de Roy devient une suite de plongeons dans un enfer abyssal.
Sous l’aspect d’un « guide des petites escroqueries », ce livre est un moyen pour Thompson d’exorciser ses hantises : horreurs sexuelles, dégoût de soi, haine et peur de l’autre.
« Roman noir de haute facture, au style imparable, Les Arnaqueurs fut porté à l’écran en 1989 par Stephen Frears. » –Nicolas Mesplède
->une histoire familiale cynique, un peu macabre. Un roman plaisant à lire, court mais qui laisse KO.
– « Le mystère Henri Pick » de David Foenkinos
« En Bretagne, un bibliothécaire décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Ainsi, il reçoit toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu’elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l’écrivain et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n’a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses… Aurait-il eu une vie secrète ? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Et si toute cette publication n’était qu’une machination?
Récit d’une enquête littéraire pleine de suspense, cette comédie pétillante offre aussi la preuve qu’un roman peut bouleverser l’existence de ses lecteurs. »
-> Une très belle écriture, un style riche sous couvert de simplicité, une narration bien emmenée, des personnages en évolution… Un grand plaisir.
– « Le chardonneret » de Donna Tartt
« Qui est Theo ? Que lui est-il arrivé à New York pour qu’il soit aujourd’hui, quatorze ans plus tard, cloîtré dans une chambre d’hôtel à Amsterdam comme une bête traquée ? Qu’est devenu le jeune garçon de treize ans qui visitait des musées avec sa mère et menait une vie de collégien ordinaire ? D’où vient cette toile de maître, Le Chardonneret, qu’il transporte partout avec lui ?
À la fois roman d’initiation à la Dickens et thriller éminemment moderne, fouillant les angoisses, les peurs et les vices de l’Amérique contemporaine, Le Chardonneret laisse le lecteur essoufflé, ébloui et encore une fois conquis par le talent hors du commun de Dona Tartt. »
-> Le Chardonneret est un roman riche, qui nous fait vivre dans le monde de l’art à Manhattan. Certains passages sont vraiment beaux, des réflexions sur la vie très intéressantes et la quête est prenante. Nous en conseillons la lecture….. mais pour sa longueur, (1100 pages) plutôt à ceux qui aiment prendre leur temps !
– « Numero zéro » de Umberto ECO
En 1992, à Milan, un groupe de journalistes, cinq hommes et une jeune femme, sont embauchés pour créer un nouveau quotidien qu’on leur promet dédié à la recherche de la vérité, mais qui se révèle un pur instrument de calomnie et de chantage.
Ils fouillent dans le passé pour mettre en page leur « numéro zéro », et c’est le présent qui leur saute au visage…
« L’ombre de Mussolini, donné pour mort, domine tous les événements italiens depuis 1945 » : est-ce là le délire d’un journaliste d’investigation paranoïaque ? Mais alors, pourquoi le retrouve-t-on assassiné un beau matin ?
Attentats, tentatives de coups d’Etat, empoisonnements, complots, stratégie de la manipulation, de la désinformation et de la tension : quand tout est vrai, où est le faux ?
Umberto Eco nous offre ici la tragédie burlesque de notre temps.
Dans ce court roman, Eco propose une savoureuse dissection des informations diffusées par la presse et le pouvoir des journaux sur l’esprit de leurs lecteurs. Il utilise un style dépouillé pour décrire les dessous de la presse et revenir , une sorte d’uchronie, sur une partie de l’histoire de l’Italie, notamment l’ère sombre de la 2ème guerre.
-> Livre intéressant, à la fois sur le fonctionnement de la presse et pour l’uchronie, assez drôle… Je recommande !
– « Laidlaw » de W. McIlvanney
Roman inconstetablement noir , dans les Glasgow des années 1970. L’inspecteur Laidlaw enquête sur le meurtre d’une jeune fille. Laidlaw veut identifier le meurtrier, mais il veut aussi le soustraire à la vengeance populaire. Car, dans l’ombre de glasgow, la pègre recherche l’assassin pour le mettre à mort. Il porte sur la société hyprocrite un regard aiguë et cherche à tout pris la vérité.
Avec une langue poétique, des images d’une richesse inédite, un peu d’humour, beaucoup de cynisme, l’auteur montre un Laidlaw humaniste et torturé !
ET c’est un roman bien plus complexe qu’il n’y parait : la multiplicité des points de vue, la subtilité de l’analyse en font un roman noir très original.
-> On a adoré !!!
– « L’affaire Harry Québert » de Joël Dicker
À New York, au printemps 2008, lorsque l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente: il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois.
Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.
Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?
Sous ses airs de thriller à l’américaine, « La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert » est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.
-> Je ferai le même commentaire que beaucoup : quand on l’a commencé, on ne le lâche plus ! C’est un « pavé », mais facile à lire (certains critiquent le style peu travaillé parfois) qui permet d’entrer dans la tête d’un auteur en plein doute et dans une affaire policière qui secoue une petite ville américaine. On a aimé !
Goncourt des Lycéens et Grand Prix de l’Académie française 2012
– « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » de Lee Harper
Dans une petite ville d’Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.
-> Un livre qui commence très simplement, pleins de petites choses du quotidien, de la vie des enfants dans la Grande Dépression des années 1930 … mais la pression monte lentement. Prix Pulitzer en 1961 « Un roman universel sur l’enfance »
– « V.I.T.R.I.O.L. » de J.-P. Ribat
« Guidé par le testament d’un obscur moine alchimiste, le désormais célèbre – mais toujours aussi caustique – docteur Marcel Fortesse se lance dans une chasse au trésor improbable. L’objet de toutes les convoitises ? Rien de moins que la fortune de l’armée huguenote qu’Henri IV se fit dérober lors de son séjour à Mantes-la-Jolie »
-> La construction de ce roman policier est originale : il nous fait habilement partir dans une chasse au trésor à la fois dans le passé et dans le présent. Les informations arrivent subtilement. Les personnages bien trempés se débattent dans les intrigues. Un bon roman !
– « Fay Renoir » de M. Chombart-Lemoine
Fay est une jeune femme surprenante, polyhandicapée et épileptique. Ni son corps, ni son cerveau ne sont comparables aux nôtres. Ses crises de Haut-Mal mettent souvent sa vie entre parenthèses, creusant de larges ellipses dans son histoire. Raconter le mode « OFF » de son cerveau c’est décrire les folles Merveilles du pays d’Alice, c’est aussi instructif qu’une plongée au cœur de son propre subconscient, c’est la matière des rêves.
Au lycée qu’elle fréquente pour la première fois, tout lui est étranger. Tout ? Excepté peut-être, Luke, l’assistant en Arts dont la voix très particulière rappelle à Fay les intonations de celle qui l’encourage, chaque fois, à s’extirper des bras tentaculaires de son épilepsie… Quel est ce lien étrange ? Luke peut-il aimer une jeune femme handicapée, si jolie soit-elle ? En a-t-il le droit ? Dans sa famille britannique, bâtie suivant des principes ancestraux, rien n’est moins sûr.
-> c’est l’histoire d’une ado, comme une autre …. Presque ! La vie de cette jeune atteinte d’épilepsie est décrite avec simplicité, sincérité et humour. Le livre est agréable, assez facile d’accès (pour ados) mais riche d’enseignement pour tout le monde !
– « Trône de fer » de George R. R. Martin
« Le royaume des Sept Couronnes est sur le point de connaître son plus terrible hiver : par-delà le mur qui garde sa frontière nord, une armée de ténèbres se lève, menaçant de tout détruire sur son passage. Mais il en faut plus pour refroidir les ardeurs des rois, des reines, des chevaliers et des renégats qui se disputent le trône de fer, tous les coups sont permis, et seuls les plus forts, ou les plus retors s’en sortiront indemnes… »
-> C’est une belle fantasy médiévale, à la fois simple et complexe : les luttes et conquêtes de pouvoir sont classiques, mais les relations entre ou à l’intérieur des familles sont complexes, les personnages sont finement ciselés, jamais totalement sombres ou immaculés.
C’est une grande saga familiale , un peu longue à de rares moments, mais prenante au point de s’attacher aux personnages et de détester leur mort !
– « Sa majesté des mouches » de William Golding
« Soit un groupe d’enfants, de six à treize ans, que isolés sur une île déserte après un accident d’avion. Qu’advient-il d’eux après quelques mois? William Golding tente l’expérience. Après les excitantes excursions et parties de baignade, il faut s’organiser pour survivre. C’est au moins la réflexion de Ralph, celui qui fut élu chef au temps heureux des commencements, et du fidèle Piggy. Mais c’est ce que refusent de comprendre Jack, le second aspirant au « trône », et les siens. Cette première division clanique n’est pas loin de reproduire un schéma social ancestral. S’ensuivent des comportements qui boudent peu à peu la civilisation et à travers lesquels les rituels immémoriaux le disputent à une sauvagerie d’une violence sans limite. »
-> Un livre dur, parfois violent mais riche d’enseignement sur la fragilité de la civilisation et la proximité de la barbarie. Car la jeunesse n’est pas si innocente que cela : de la ruse à la violence, de la vanité à l’amour, on passe par tous les états ! C’est prenant et parfois très dur.
– « 7 » de Tristan Garcia : Sept novellas, romans miniatures.
Dans ce livre inclassable, il est question d’une drogue aux effets de jouvence, de musique, du plus beau visage du monde, de militantisme politique, d’extraterrestres, de religion ou d’immortalité. Sept récits indépendants, proches du fantastique, dont on découvre au fil des pages qu’ils sont étroitement liés.
Peu à peu, comme un mobile dont les différentes parties sont à la fois autonomes et solidaires, « 7 » compose une image nouvelle de la condition humaine contemporaine, de ses doutes et de ses croyances nécessaires.
-> -> on est accroché et embarqué dans un voyage philosophique et littéraire ! Excellent.
– » Mystic river » de D. Lehanne –
Jimmy Marcus et Dave Boyle sont des Flats, quartier pauvre et Sean Devine est de Point, le quartier riche. Ils ne se connaissent que parce que les pères travaillent dans la même entreprise de chocolat… le père de Sean est contremaître et celui de Jimmy, simple ouvrier. Un samedi de 1975, alors que les trois gamins se bagarrent dans la rue, deux prétendus policiers descendent de voiture, les sermonnent et se proposent de raccompagner le petit Dave chez lui. L’enfant ne réapparaît que quatre jours plus tard. Tous comprennent et se taisent. Dave, qui a subi le pire, se réfugie lui aussi dans le silence et la culpabilité. Vingt-cinq ans plus tard, l’assassinat de Katie, la fille de Jimmy Marcus, portera en écho le sceau de cet événement tragique et indicible. C’est un polar à la noirceur poisseuse, une enquête minutieuse et un scénario extrêmement bien ficelé.-> Chef d’oeuvre de Denis Lehanne !!!
– « Un long dimanche de fiançailles » de S. Japrisot
Janvier 1917. Cinq soldats français condamnés à mort en conseil de guerre, aux bras liés dans le dos. Toute une nuit et tout un jour, ils ont tenté de survivre. Le plus jeune était un Bleuet, il n’avait pas vingt ans. A l’autre bout de la France, Mathilde, vingt ans elle aussi, plus désarmée que quiconque, aimait le Bleuet d’un amour à l’épreuve de tout. La paix venue, elle va se battre pour connaître la vérité et le retrouver, mort ou vivant, dans le labyrinthe où elle l’a perdu.
Tout au long de ce qu’on appellera plus tard les années folles, quand le jazz aura couvert le roulement des tambours, ses recherches seront ses fiançailles. Mathilde y sacrifiera ses jours, et malgré le temps, malgré les mensonges, elle ira jusqu’au bout de l’espoir insensé qui la porte. On découvre dans ce livre, obstinée et fragile à la fois, attachante, bouleversante, une Mathilde qui prendra place parmi les héroïnes les plus mémorables de l’univers romanesque.
-> un scénario très original, en partie épistolaire, un biais inédit pour aborder la grande guerre.
– « La chambre des morts » F. Thilliez
– « Bacha Posh » de Charlotte Erlih :
A 15 ans, Farrukh voit enfin son rêve se réaliser : son club d’aviron, le seul d’Afghanistan, a obtenu un bateau professionnel. Si son équipe tentait de se qualifier pour les Jeux olympiques ?!
Mais Farrukh est un « bacha posh ». Dans les familles afghanes qui n’ont que des filles, on appelle ainsi les jeunes filles transformées en garçons et élevées comme tels, jusqu’à l’âge de la puberté…
S’il est découvert, c’est son rêve et sa liberté qui s’évanouissent, le déshonneur pour les siens. Et qu’est-ce qu’il en sera des sentiments troubles de Sohrab à son endroit ?
->Un monde d’ados aux contraintes très différentes du notre, un livre riche en enseignement, aussi pour ados.
– « Au pays du p’tit » de Nicolas Fargues : Une critique sociale qui parait anodine, mais laisse beaucoup à penser ! Une écriture fluide et juste.
Le héros et narrateur de ce roman a 44 ans et il enseigne la sociologie à l’université. Il vient de publier un essai violemment anti-français. Il est pour cela invité partout dans le monde pour exposer ses thèses. C’est l’occasion pour lui de profiter des deux seules choses qui l’intéressent encore : les voyages et les femmes. Désabusé, provocateur, un peu obsédé, il joue avec les femmes, sans état d’âme, tentant de se rassurer sur sa sexualité. Il s’agit d’une critique de mœurs, lucide et prégnante.
– » Terre d’ombre » de Ron Rash : Hank, revenu mutilé d’Europe (on est à la fin de la 1ère Guerre Mondiale) et Laurel sa sœur, vivent dans un vallon semi-sauvage qui tous considèrent comme maudit ; la mort de leurs deux parents semble le confirmer. Accablés de travail et bannis du village voisin où règne la superstition, dans ce décor indompté, Laurel, devenue dure et courageuse, rêve à un avenir meilleur. Un mystérieux joueur de flûte va venir secouer son existence et fournir un contrepoint sensible à la bêtise et la xénophobie.
Ron Rash, titulaire de la chaire d’Appalachian Studies à la Western Carolina University, continue d’explorer son pays natal, la Caroline du Sud, après « Un pied au Paradis »(2002) et « Le monde à l’endroit » (2006). Il nous livre ici un roman tragique, où les paysages sont une métaphore insistante de la fatalité, mais aussi de l’amour et de l’espoir. C’est de bout en bout bouleversant et sensible, et la narration en flsh backnous précipite vers la fin que l’on sait dramatique.
– « Manuel de dramaturgie à l’usage des assassins » de Jérôme Fansten : Des jumeaux se partagent la même vie, la même identité. Enceinte après un viol et traumatisée par cette expérience, leur mère s’est enfermée chez elle. Là, elle a accouché de ses deux fils. Mais elle n’a déclaré qu’un seul enfant à l’état civil. Ils ont toujours vécu à tour de rôle, un jour sur deux. Le traumatisme et la phobie sociale de leur génitrice a poussé les garçons à s’interroger sur leur étrange destin. Ils se sont trouvé un but : la vengeance. Cinq hommes ont violé leur mère. L’un d’eux est leur père.
Plus de trente ans après leur naissance, les frères passent à l’acte : ils retrouvent la trace du premier de ces hommes, l’observent, s’immiscent dans sa vie et le tuent.
Quand l’histoire commence, les frères assassinent le deuxième homme… » Polar noir, dérangeant mais aussi drôle et caustique, un regard qui mène à réfléchir sur la société.
– E. Little : « Les réponses » : il s’agit d’un thriller psychologique au style tout à fait original.
Janie est une gosse de riche fashionnista, trop excentrique, un brin égoïste et totalement ingérable. Elle a la langue bien pendue et part sur les traces de sa mère et sa mystérieuse mort. C’est osé, et pour le coup terriblement plaisant, de choisir un personnage qu’on aimerait détester. Un bonheur à suivre cette jeune fille, mais tout ça, grâce à la plume impeccable de Elizabeth Little. Elle a savamment dosé ses effets pour nous la rendre touchante, et délectable dans ces pointes acérées. Un jeu de chaud /froid très réjouissant.
– S. Chalandon : « Le quatrième mur » : George tente de monter la pièce de Anouilh, Antigone, à Beyrouth. Une représentation unique, avec des acteurs des différentes confessions : deux heures de trêve dans la guerre. Livre sur la fidélité, la fraternité dans un monde en guerre, avec des personnages émouvants, attachants ….
Il nous amène dans cette tension permanente, à l’étouffement …. impossible à oublier.
– A. Munro : « Secrets de Polichinelle » : Dans ce recueil de 8 nouvelles, Alice Munro raconte les vies de 8 femmes avec une langue juste, riche et d’une bouleversante exactitude. Les femmes sont au centre de ces nouvelles en compagnie d’amants trouvés ou perdus, ce sont des récits intérieurs, des souvenirs intimes , des lettres… et des secrets qui ont changé leurs vies, parfois de façon inconsciente. Des vies à la fois banales et complexes.
-> Comme toujours, des nouvelles qui sonnent très juste !
– J. Garcin : « Le voyant » : un enfant devenu adulte lors d’un accident devient un jeune adulte brillant et intégré dans un grand lycée à la fin des années 1930. Pendant la guerre, il devient résistant et finit à la tête d’un très grand réseau. Dénoncé, il est déporté à Buchenwald où il continue de résister… il y trouvera l’amour de la vie. Ce livre rétablit l’injustice faite à un grand résistant que l’Histoire n’a pas retenu….
– A. Volodine : « Terminus radieux » :
Taïga sombre et immense, steppes infinies… La scène se passe d’abord après l’irradiation complète de la Sibérie et l’écroulement de la Deuxième Union soviétique, puis des siècles plus tard, la région dévastée par des accidents nucléaires, est à jamais inhabitable. Suite à l’écroulement de l’Orbise, dernier bastion de résistance de ceux qui luttaient pour un monde égalitaire, Iliouchenko, Kronauer et Vassilissa Marachvili, trois combattants en bout de course, se réfugient dans des territoires irradiés pour échapper aux massacres. Les survivants ne meurent plus, ils sont protégés par les radiations. Ils tournent en rond dans leurs rêves, leurs cauchemars et leurs misérables existences, dont le moment le plus agréable est la vie dans un camp. Mais un odieux dictateur s’immisce dans leurs pensées, les tourmente, l’amour n’existe plus, on erre, on erre encore …
Le questionnement essentiel de l’œuvre de Volodine, suite aux grands traumatismes du XX°s, est : comment la littérature peut-elle dire l’Histoire, ou comment exprimer les drames du XXe siècle ? Or souvent l’horreur est indiscible, elle dépasse l’imagination. C’est donc par ce biais que Volodine tente de la décrire. Il convoque la poésie, l’imaginaire, le conscient et l’inconscient individuel et collectif de sa culture communiste… C’est une œuvre étouffante, complexe et énigmatique, comme l’était la vie dans camps soviétiques. Une œuvre qu’il qualifie de « post-exotique ».
– Renoir : « Les carnets du Capitaine Georges » :
Richard Edmond Hartley, soixante-cinq ans, commerçant en liqueurs retraité, vit seul au pays de Galles en compagnie de ses chiens et de sa gouvernante Margaret. Le souvenir de son unique amour pour une certaine Louise, fille d’un violoniste de l’Opéra, qu’il a connue autrefois à Paris, est ravivé par les événements ; en 1944, il accueille le mystérieux capitaine Georges, résistant français gravement blessé lors de ses exploits, pour lui permettre d’achever sa convalescence. Une fois guéri, le capitaine Georges disparaît, laissant derrière lui ses valises et surtout un journal intime dont Richard Edmond Hartley, bouleversé, nous livre le secret après avoir appris, en 1945, la mort du capitaine.
Une prenante description des relations de Georges et ses femmes, en commençant par sa nourrisse, puis ses premières expériences, son éducation sexuelle, ses passions … mais aussi sur la fidélité, l’engagement, l’amour profond, sur fond de Première guerre mondiale. Un livre bouleversant.
–J. Larsson : « Millenium«
Arnaldur Indridasson : « Étranges rivages«
Les pays scandinaves sont devenus un creuset de littérature policière (Stieg Larson et ses « Millénium », Camila Lackberg, Henning Mankell) et en particulier de romans noirs. L’islandais Arnaldur Indridasson fait partie de ceux qui ont inoculé cette fièvre à l’Europe du Nord …
Erlandur , le policier récurrent de ces romans, mène ici une enquête sur son propre passé. Traumatisé par la perte de son frère, il est de retour sur les lieux du drame et il y mène deux enquêtes, à titre privé, dans lesquelles les évènements passés vont subtilement se croiser et s’éclairer mutuellement. La nature hostile de ces fjords islandais semble ralentir toute activité, la neige étouffe les mystères du passé et la nostalgie du commissaire Erlendur en est le parfait reflet : « une force puissante qui saisie le coeur ».
Il me tarde de lire les autres !!
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« Solaris » : écrit en 1961 (et traduit en français en 1966 chez Denoël), Solaris est une source saisissante, originale et poétique.
Stanislas Lem (1921 – Pologne) est un auteur de SF très respecté dans le monde littéraire : médecin, philosophe, passionné de physique et de biologie, il l’un des plus grands auteurs de guerre en Europe. Et « Solaris » est sans doute son chef-d’oeuvre !
On y découvre Solaris, planète lointaine recouverte presque entièrement d’un « océan », d’un liquide épais et changeant, sur lequel une station d’étude abrite une poignée de scientifiques. Mais l’Océan reste, malgré des années d’étude, un total mystère : ses manifestations sont aussi fabuleuses que déroutantes.
Le huis-clos qui suit l’arrivée du Dr Kelvin dans la station est étourdissant de subtilité : l’horreur est toujours présente, mais essentiellement en pensée et les notions de morale et d’intelligence sont sans cesse battues en brêche.
Rentrer en contact avec une intelligenec extra-terrestre est un sujet populaire en SF : « Rendez-vous sur Roma » d’Arthur C. Clarcke, « Elévation » de David Prin, « Le grand silence » de Silverberg, sans compter les films comme « Abysses » ou « Allien » sont des classiques… Mais sur Solaris, l’intelligence en question ne ressemble à rien de ce que l’humain peut concevoir !!
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« Rue des boutiques obscures » : Patrick Modiano a eu le Prix Nob
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